Le tourisme est l’un des secteurs contribuant le plus à la dégradation de la planète. Ce qui est assez ironique, quand on y pense, puisqu’il sera aussi l’un des premiers à en souffrir. Et le principal responsable, c’est l’avion, bien sûr, mais pas que. Faut-il pour autant tout arrêter ? Spoiler alert, pour ma part, je ne pense pas. Mais tout changer ? Oui. Et vite ! Place au tourisme durable.
Tourisme et climat : quelques chiffres
8% des émissions de gaz à effet de serre seraient imputables au tourisme mondial, et l’augmentation est quatre fois plus rapide que ce qui avait été estimé auparavant. C’est ce qu’une étude publiée dans la revue scientifique Nature a révélé en 2018. Le tourisme est donc l’un des vecteurs principaux du changement climatique.
Une autre étude, plus récente et, cette-fois ci, française, s’intéresse au Bilan des émissions de gaz à effet de serre du secteur du tourisme en France. Dans ce rapport, l’ADEME explique qu’avec 118 millions de tonnes de CO2 émis, le secteur du tourisme est, à lui-seul, responsable d’une empreinte carbone aussi forte que « les émissions annuelles directes des régions Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Bretagne ». Autrement dit, le tourisme en France émet autant que 11 millions de Français supplémentaires. L’autre conclusion importante de cette étude concerne la répartition des émissions. Et la conclusion est sans appel : les trois quarts proviennent du transport, et l’aviation représente 40% du total.
Si toutes les actions sont bonnes à entreprendre à l’heure où la planète s’échauffe, l’urgence se porte sur les modes de transports. Dormir sous tente, pratiquer la marche et soutenir l’artisanat local ne compenseront jamais un aller-retour en avion. Pour autant, se contenter de bannir l’aérien serait une erreur si l’alternative se porte sur du transport routier non optimisé. Le graphique ci-dessous montre bien que pour 1 000 km parcourus (soit de Paris à Barcelone ou à Édimbourg, par exemple), la pire idée serait d’être seul dans une voiture, ce qui émettrait deux fois plus de CO2 qu’un aller-retour en avion. La meilleure idée ? Le train ! Ou, à défaut, le bus.
Alors, si voyager représente aujourd’hui une part importante (et en augmentation) de notre impact environnemental, faut-il arrêter ? Peut-être. Tout revoir ? OUI ! Et voici quelques idées, quelques bonnes pratiques à explorer pour développer un tourisme plus durable (à ce sujet, je vous conseille aussi cet article de Sarah : voyager de façon responsable, comment faire ?).
Pour un tourisme durable
Voyager moins loin, voyager moins vite
Dit autrement : voyager loin et vite augmente considérablement sa consommation en ressources, et donc son impact négatif sur la Terre. Ainsi, la tendance est au slow travel, un mot qui traduit bien plus un état d’esprit qu’une vitesse de voyage. Derrière ce terme se cache l’idée d’explorer ce qui nous entoure, s’ouvrir aux autres et à l’imprévu, prendre le temps et savourer les petites choses. Le slow travel prône une reconnexion à la nature, mais aussi à soi-même, à travers des expériences de découverte plus en profondeur.
Ralentir, c’est aussi comprendre que le trajet fasse partie du voyage, au même titre que la destination, et que l’aventure commence en passant votre porte. Vous seriez surpris des discussions qui peuvent s’engager en attendant un bus, avec un covoitureur ou votre voisine de train. Parler de tout et de rien, découvrir l’autre et s’intéresser à son mode de vie, c’est aussi ça qui créé la richesse du voyage, qu’il se passe au bout du monde ou à quelques kilomètres de chez vous.
Faut-il pour autant bannir les voyages lointains ? Je n’en suis pas convaincue. Pour moi, l’important est de donner du sens à votre aventure.
Créer des voyages qui ont du sens
Voyager, c’est se forger une ouverture d’esprit, une débrouillardise aussi, c’est cultiver son amour pour la planète en apprenant à la connaître, montrer le respect et l’égalité des cultures à ses enfants dès leur plus jeune âge, par autre chose que de la théorie. Mettre un terme à tout cela fait-il vraiment partie de la solution ? Aujourd’hui, voyager a tendance à devenir un passe-temps qui perd de sa valeur, alors qu’il s’agit pourtant d’une formation de la vie, quelque chose dont il ne faudrait jamais négliger l’importance. Découvrir l’autre côté de la planète ne devrait pas être un hobby annuel, mais bien l’aventure d’une vie. Voyager loin, oui, mais longtemps, et moins souvent.
Prendre le temps de construire une expérience unique, en fonction de ses affinités et de ses convictions, choisir judicieusement sa destination, accomplir un projet qui vous tient réellement à cœur, voici un beau défi pour votre prochain voyage ! Suivez votre passion pour la musique, la découverte de micro-brasseries locales, la photographie naturaliste… et créez votre voyage sur-mesure. Outre la satisfaction d’un voyage plein de sens, c’est aussi le meilleur moyen d’éviter le tourisme de masse et de s’engager vers un tourisme plus durable.
Et s’il ressort de cette réflexion que votre besoin du moment est simplement de vous évader et sortir de votre quotidien, faut-il vraiment prendre l’avion et partir si loin ?
Cultiver la découverte au quotidien
« Semaine de m****, et si je me bookais un week-end à Barcelone ? #volpascher. » Tout est fait pour nous inciter à voyager le plus souvent possible : les prix, la facilité d’achat, les distances qui perdent leur sens. Pourtant, il n’a jamais été aussi facile de s’évader sans griller son quota carbone.
Beaucoup d’entre nous vivent déjà à l’international au quotidien, à travers la nourriture, la musique, les films et séries, parfois la danse ou la littérature. Profitons-en ! Si le voyage et la découverte culturelle font partie de vos passions, prenez des cours de langue, arpentez les musées (souvent gratuits en France), mangez au restaurant ou apprenez les cuisines du monde, inscrivez vous à des ateliers d’arts ou à des sports des régions qui vous attirent. En plus d’assouvir votre soif de découverte, vous rencontrerez des personnes partageant vos intérêt, tout en faisant vivre des associations ou des commerces locaux qui en ont souvent besoin.
Et si vraiment ça ne suffit pas… craquez plutôt pour un billet de train 😉
Article très instructif, je ne savais pas que faire 1000km en voiture seule est pire que prendre l’avion. Ca fait plusieurs années que je fais des AR en France dans ma famille, seule et en voiture pour justement éviter de prendre l’avion… le train n’étant pas une option (horaires non adaptés). Je vais creuser le sujet car il me semblait que les vols courts étaient les pire en terme d’émission CO2. Après ce serait intéressant d’avoir la comparaison entre voiture thermique et électrique.
Mais sinon je te rejoins dans ta conclusion, je ne me vois pas abandonner l’idée de voyager loin, mais clairement de prendre l’avion moins souvent oui. Quand à la durée des vacances, en fait je ne vois pas ce que ça change de partir 1 semaine ou 6 mois dans un pays. Dans les deux cas il faudra faire un AR en avion, et plus on part longtemps et plus on a tendance à faire des activités polluantes pour s’occuper, que l’on ne ferait pas si on travaillait. Mais je pense que cela dépend en effet complètement du style de voyage que l’on fait, et c’est à mon avis surtout sur ce point que l’on doit changer notre façon de voyager et notre rapport aux loisirs de façon générale. Arrêter le consumérisme, arrêter de vouloir faire plein d’activités polluantes et non responsables pour les poster sur les RS (que ce soit en France ou à l’étranger) et accepter que passer 15 jours chez soi à se reposer dans son jardin en lisant c’est tout aussi cool que de faire du jetski à Dubaï 🙂
Désolé pour le pavé, j’aurais encore des milliers de choses à dire sur ce sujet très intéressant !
Salut ! Merci d’avoir pris le temps de commenter cet article. Déjà, ne t’excuse jamais pour un pavé d’écriture sur ce blog, la lecture, c’est mon kiff 😉 . Ensuite, oui, effectivement, une personne seule dans une voiture, pour 1000 km, c’est pire que l’avion. Mais plus le trajet est court, plus l’impact environnemental de l’avion par km augmente (car c’est surtout le décollage et l’atterrissage qui consomment). Donc en réduisant la distance, à un moment donné, les courbes se croisent, et l’avion devient pire que la voiture. Je ne connais pas le point d’intersection, désolée. Mais donc, selon combien de km tu parcours pour aller dans ta famille, la voiture est peut-être quand même la meilleure solution. Par rapport à la voiture électrique, les chiffres sont sur le graphique de l’article, il s’agit de la ligne e-Car. Dans tous les cas, je profite de ce commentaire pour rappeler qu’il s’agit de moyennes, autour desquelles il flotte beaucoup d’incertitudes (taux de remplissage de l’avion, poids du véhicule qui joue sur sa consommation), et aussi qu’il existe beaucoup d’autres indicateurs que le CO2 pour mesurer un impact environnemental. Enfin, pour ce qui est de la durée des vacances, tu as raison dans ton raisonnement, bien sûr. Mais l’idée derrière des voyages plus longs, c’est de dire qu’il vaut mieux faire 1 voyage de 6 mois (pour reprendre ton exemple), plutôt que 6 voyages d’une semaine. À ta dispo pour en rediscuter ! 🙂
Je te rejoins totalement sur la globalité de ton message ! Je pense qu’il est crucial de limiter les voyages lointains, bien qu’il me soit difficile d’imaginer les supprimer totalement. Et comme toi, je pense qu’il faut redonner un véritable sens au voyage, on a tellement d’endroits magnifiques et d’activités incroyables à voir et à faire à proximité, pourquoi aller à l’autre bout de la planète pour quelque chose qu’on a ici. Je suis justement en pleine remise en question sur ce sujet et comme j’ai tendance à être un peu « extrême » c’est vraiment intéressant de lire le point de vue de quelqu’un d’un peu plus mesurée 😉
Super cet article. Nous aimons pas du tout prendre l’avion donc le prenons le moins possible et maintenant encore moins par souci écologique! Le graphique comparant les différents est vraiment intéressant 🙂
Waw quel article très complet !! C’est parfois difficile de concilier passion du voyage et écologie. Pendant longtemps je n’ai pas été très sensible à la question et je réservais volontiers un city trip de 2 jours voire 1 jour en avion … J’ai changé et même si je ne suis pas parfaite, je fais des efforts ! En vivant à l’étranger (et sur une île), j’arrive quand même à limiter l’avion à 1fois par an ! 🙌
Merci pour ton commentaire ! C’est clair que sur une île, c’est parfois plus difficile de se passer de l’avion. Mais c’est super si tu as réussi à changer tes pratiques, et à trouver un équilibre plus en phase avec l’urgence climatique. Continue dans ce sens ! 🙂